
Âme des Beach Boys et compositeur incontournable des sixties, Brian Wilson a passé sa vie à osciller entre l’éclat du génie et l’abîme du chaos. Par son œuvre, la pop music des années 60 a atteint un niveau créatif inouï. Alors que le chanteur est décédé ce 11 juin 2025 à l’âge de 82 ans, retour sur les principaux jalons d’une carrière aussi tumultueuse que légendaire.
Il avait hissé la pop à des sommets de sophistication grâce à son génie mélodique, avant de sombrer prématurément dans la drogue et la dépression. Le leader des Beach Boys, Brian Wilson, s’est éteint le mercredi 11 juin, à l’âge de 82 ans. « C’est avec tristesse que nous annonçons le décès de notre père bien-aimé, Brian Wilson. Les mots nous manquent. (…) Nous savons que nous partageons notre peine avec le monde entier« , a ainsi annoncé sa famille dans un communiqué. Voici 5 dates-clés qui auront marqué sa carrière.
1961 : fondation des Beach Boys
Ils se nomment Brian, Carl et Dennis Wilson. Depuis l’enfance, ces trois frères d’une famille californienne – dominée par un père autoritaire – ont l’habitude de chanter ensemble, fréquemment rejoints par leur cousin, Mike Love.
En 1961, Brian Wilson a 19 ans à peine quand il a l’intuition que les harmonies vocales – qu’il pratique autour du piano familial en compagnie de ses frères – peut se mélanger au rock’n’roll, dont la version instrumentale (les Ventures, Duane Eddy, Dick Dale) a alors la cote auprès des cool kids californiens. De ce mix inédit entre « surf rock » et pop fifties naît Surfin’, premier single de The Beach Boys, que Brian Wilson a monté en compagnie de ses deux frères, de son cousin et de son ami Al Jardine.
Ensoleillée, dansante et typiquement californienne, la musique des Beach Boys rencontre un succès grandissant, confirmé par un premier album, Surfin’ Safari, en 1962.
1966 : le twist Pet Sound
Surfin’ USA, I Get Around, Fun, Fun, Fun… Entre 1962 et 1964, Brian Wilson écrit les principaux hits qui font des Beach Boys l’un des groupes les plus populaires au monde. Le groupe enchaîne albums et tournées : sur scène, l’aîné des Wilson tient la basse et chante, tout en assurant la composition et les arrangements en studio. Il décide dès lors de se faire remplacer en tournée, pour se concentrer sur l’enregistrement.
Désormais entouré de musiciens extérieurs, Brian s’oriente vers des chansons plus complexes et intimes. Commencé avec les singles California Girls et Help Me Rhonda, ce nouveau procédé débouche sur le disque Pet Sounds en 1966. Ce chef-d’œuvre de pop orchestrale – qui a influencé les Beatles, Of Montreal ou Tame Impala – contenant Wouldn’t it Be Nice, God Only Know et Sloop John B, multiplie les instruments exotiques et les arrangements audacieux.
1967 : l’impasse et la folie
À l’automne 1966, les Beach Boys sortent Good Vibrations, l’une des plus belles chansons de tous les temps, après de nombreuses sessions studio orchestrées par un Brian Wilson de plus en plus porté sur la drogue. L’ambition du morceau dépasse le simple cadre de la pop, et son compositeur entend appliquer cette démesure à l’album qu’il est en train de composer, Smile.
Mais la santé mentale du musicien l’empêche de terminer le disque, et le plonge dans une période sombre, dont il mettra trois décennies à se remettre.
2004 : un retour nostalgique
Entouré de curieux personnages, dont un psy devenu gourou, Brian Wilson délaisse peu à peu la musique et les Beach Boys dans les années 1970-1980. S’il grave deux albums solos, en 1988 et en 1998 (certains titres peuvent être écoutés sur The Brian Wilson Anthology), c’est en 2004 seulement qu’il remonte sur scène. Et c’est à cette occasion qu’il livre enfin en public les chansons « maudites » de Smile. L’album Brian Wilson Presents : Smile, réenregistrement moderne de cette œuvre de 1967, libère l’ex-Beach Boys d’un poids considérable.
2012 : les Beach Boys, pour toujours
En 2011, sous la forme d’un coffret, les Beach Boys font paraître The Smile Sessions, version la plus aboutie du disque originellement prévu pour 1967.
Dans la foulée, Brian Wilson retrouve les Beach Boys, qui ont tourné sans lui pendant trente ans. L’album qui suit, That’s Why God Made The Radio, et quelques lives, offrent aux fans une dernière vision de l’osmose des garçons de plage avec son âme créatrice.
Miné par la démence dans ses dernières années, Brian Wilson avait été placé sous tutelle au printemps 2024. Il avait déjà vu disparaître ses frères Dennis et Carl, ses compagnons fondateurs des Beach Boys.