Critique

The Life of Chuck : retour gagnant pour Mike Flanagan au cinéma ?

12 juin 2025
Par Lisa Muratore
Tom Hiddleston dans “The Life of Chuck”.
Tom Hiddleston dans “The Life of Chuck”. ©Neon

Après cinq ans d’absence sur grand écran, Mike Flanagan est de retour afin de présenter son nouveau long-métrage, The Life of Chuck. Porté par Tom Hiddleston et Mark Hamill, le film permet au réalisateur d’explorer à nouveau le monde de Stephen King, mais sans jamais trouver le bon rythme.

Après les séries horrifiques calibrées pour Netflix (The Haunting of Hill House, Les sermons de minuit, La chute de la maison Usher…), Mike Flanagan est de retour au cinéma. Avec The Life of Chuck, le réalisateur américain présente son premier film depuis Doctor Sleep, la suite de Shining, portée en 2019 par Ewan McGregor et imaginée par Stephen King.

Auteur-muse du cinéaste, le maître de la littérature horrifique lui a d’ailleurs, à nouveau, servi d’inspiration. Après avoir exploré l’univers terrifiant et fantastique d’Edgar Allan Poe en adaptant la nouvelle La chute de la maison Usher en 2023, le metteur en scène revient à ce qu’il sait faire de mieux : transposer librement, à l’écran, l’œuvre du prolifique écrivain à qui l’on doit Ça (1988), Misery (1989) ou encore La ligne verte (1996).

Mark Hamill dans The Life of Chuck. ©Neon

Cette fois-ci, Mike Flanagan tire son inspiration du recueil de nouvelles Si ça saigne (2020). Dans l’une des quatre histoires, Stephen King décrit un monde au bord de l’apocalypse. Les catastrophes surnaturelles s’enchaînent, les fake news s’accumulent. Au milieu du chaos ambiant, un professeur d’école repère un étrange panneau remerciant Chuck pour ses 39 ans années de labeur. Mais qui est cet homme ? Qu’a-t-il accompli ? Et pourquoi personne ne le connaît ?

Voici le point de départ du film de Mike Flanagan. À partir de cette publicité lunaire, le réalisateur a imaginé son film ; un long-métrage à rebours qui revient sur la vie d’adulte, puis l’enfance de Chuck tour à tour incarné par Tom Hiddleston, Jacob Tremblay et Benjamin Pajak.

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En contre-temps

Divisé en trois chapitres, le film embarque les spectateurs à travers le temps et les guide à travers la vie de Chuck sur le point de mourir. À la manière du Big Fish (2003) de Tim Burton, Mike Flanagan raconte entre rêve et réalité la vie de son héros.

Toutefois, et malgré un début prometteur dans lequel on sent « l’empreinte Flanagan », ses inspirations horrifiques ainsi qu’une vertigineuse poésie sur la signification de notre existence, le film perd son rythme dès la deuxième partie en présentant un Tom Hiddleston idéaliste. Dans une parenthèse dansante bienvenue – mais totalement déconnectée du reste de l’histoire –, l’acteur qui a fait ses armes chez Marvel délivre ainsi une performance épatante.

The Life of Chuck. ©Neon

Mais, contrairement à son acteur, le réalisateur est toujours à contre-temps. En effet, ce deuxième chapitre apparaît trop mièvre et n’apporte aucune cohérence scénaristique ou émotionnelle à l’histoire qu’essaie de nous raconter Flanagan.

Loin du rythme des thrillers horrifiques et psychologiques qu’il a imaginés sur Netflix, le cinéaste n’arrive pas à trouver son tempo ni à offrir un récit suffisamment prenant pour nous captiver. Il faudra attendre une troisième et ultime partie pour réellement s’attacher au personnage de Chuck, alors dépeint dans la peau d’un petit garçon rêveur, pour s’investir dans l’épopée que tente d’assembler le cinéaste.

Filmé à hauteur d’enfant, ce nouveau chapitre est sans aucun doute le plus intéressant. Bénéficiant de la performance habitée de Mark Hamill et de la tendresse de son jeune acteur (Benjamin Pajak), il construit aussi tout un imaginaire autour d’une pièce interdite dans la maison familiale. Un ressort narratif qui reflète tout le potentiel horrifique du film, sans jamais aboutir pleinement.

La faute à la nouvelle ?

Avec The Life of Chuck, Mike Flanagan semble survoler son sujet et ne jamais aller au cœur des choses. Un argument que l’on reprochait déjà à l’adaptation La chute de la maison Usher, qui manquait de surprises et d’originalité. La faute aux nouvelles ? Possible ! Avec de courtes histoires, le challenge de l’adaptation n’en devient que plus difficile.

Dans le cas précis de The Life of Chuck, en tout cas, on a du mal à rentrer pleinement en connexion avec les personnages ou à comprendre le réel lien entre les trois chapitres. La première partie apparaît ainsi trop méta, Tom Hiddleston est malheureusement quasiment inexistant, et le retournement de situation final n’a rien d’éblouissant. Bien que Mike Flanagan maîtrise l’horreur et la poésie comme personne, ceux qui s’attendent à un film sombre, digne de ce qu’il a développé sur Netflix avec l’anthologie The Haunting of Hill House et Les sermons de minuit seront déçus.

The Life of Chuck. ©Neon

À travers son film, le réalisateur veut explorer les problématiques de la vie, décortiquer la condition humaine et montrer que nous ne sommes que des grains de sable dans l’univers, sans jamais parvenir à nous saisir dans une démonstration bluffante, spectaculaire ou saisissante.

Ceci étant dit, il faudra souligner l’effort de Mike Flanagan pour offrir quelque chose de plus léger, de beau et qui arrive à se distinguer de ses précédentes créations. Malgré une tentative inefficace en termes de rythme, The Life of Chuck est surtout la preuve que le cinéaste n’a pas peur d’explorer d’autres codes ou univers.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste